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SUMMER » You can't be what you can't see

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A long time ago we used to be friend
Summer V. Cavanaugh
Summer V. Cavanaugh
» A Neptune depuis : 10/02/2018
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MessageSujet: SUMMER » You can't be what you can't see SUMMER » You can't be what you can't see EmptySam 17 Fév - 1:07


Summer Valentine Cavanaugh

NOM : Cavanaugh, c'est le nom de mon père. Ma famille paternelle est d'origine irlandaise. C'est un nom plutôt courant de là où je viens. PRÉNOM(S) : Summer ; mes parents adorent l'été, d'où mon premier prénom. Valentine, c'est l'idée de ma mère. Ma grand-mère était française, et c'était son prénom. Mais c'est bien tout ce qu'il y a de français chez moi. ÂGE : 26 ans. Je suis née en 1992, un joli matin d'octobre. LIEU DE NAISSANCE : New York City, NY. A l'opposé géographique de Neptune, sur la côte Est des Etats-Unis. C'est là que je suis née et que j'ai grandi jusqu'à mes 18 ans.ORIGINES : Américaine, de par ma naissance. Mais j'ai des origines irlandaises, par mon père, et quelques gouttes de sang français par ma grand-mère. STATUT CIVIL : Célibataire. Je ne fais plus confiance aux hommes depuis bien longtemps. ORIENTATION SEXUELLE : Hétéro. GROUPE : Née 3-9, devenue Motarde par la force des choses. AVATAR : Emilia Clarke, THE FU***NG MOTHER OF DRAGONS !  colere  CRÉDIT AVATAR : TAG., sur Bazzart.

Ode

PSEUDO : Ode PRÉNOM : Audrey ÂGE : 26 ans dans quelques jours !  wuii PAYS : France, Normandie. OU AS TU CONNU LE FORUM : Par Gaëlle, via Facebook.  keur PREMIER/DEUXIEME COMPTE ? : Pas encore mais ça ne saurait tarder !  impatient :


Dernière édition par Summer V. Cavanaugh le Sam 17 Fév - 19:29, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: SUMMER » You can't be what you can't see SUMMER » You can't be what you can't see EmptySam 17 Fév - 1:07


When I met you in the Summer, to my heartbeat sound we fell in love

J’ai toujours senti que quelque chose en moi était différent. Je ne me sentais pas forcément supérieure, ni mal aimée, bien au contraire. Je suis née dans une famille on ne peut plus aimante et attentionnée. Je n’aurais jamais pu espérer avoir meilleurs parents. Pendant très longtemps, cette petite chose au fond de moi, qui me faisait ressentir que je n’étais pas exactement comme eux, se faisait silencieuse. Je parvenais même à l’oublier et à croire que les choses ne changeraient jamais. Mais à l’évidence, je me trompais. Ma vie n’est ni extraordinaire, ni totalement ordinaire. Elle est à mon image : vivante, chaotique, extravagante mais surtout terriblement passionnée. Pardon, je ne me suis pas encore présentée : je m’appelle Summer. Summer Valentine Cavanaugh. Et j’ai aujourd’hui 26 ans.

Je suis la seule de ma famille à avoir un nom aussi « original ». Je mets des guillemets à « original », parce que je n’en suis pas convaincue. Je suis née quelques semaines avant l’été, au mois d’avril. Sans doute le climat déjà doux de ce mois d’avril 1992 a-t-il inspiré mes parents… Valentine, c’est mon deuxième prénom. Je l’adore, c’était celui de ma grand-mère maternelle. Je ne l’ai pas beaucoup connue, mais au fond de moi, je sentais qu’elle me comprenait vraiment.

Je ne vais pas m’étendre sur mon enfance : je n’aurais rien de spécial à raconter. J’ai grandi dans une famille on ne peut plus normale, dans un très joli quartier de New York City, nommé Greenwich Village. C’est dans l’hôpital du quartier que je suis née, et c’est là que j’ai passé toute mon enfance. Mes parents n’en étaient pas à leur coup d’essai lorsqu’ils m’ont eu : j’ai une sœur et un frère plus âgés. A ma naissance, Juliet avait 6 ans et Kenneth en avait 3. L’écart avait été spécifiquement calculé entre nous trois. Nos parents nous offraient un cadre de vie parfait : nous n’étions pas nés avec une cuiller en argent dans la bouche, mais nous avions un mode de vie confortable.

Je vous l’ai dit : une petite voix au fond de moi m’a toujours intimé que j’étais différente des autres membres de ma famille. Mes parents avaient des métiers on ne peut plus classiques et respectables, et mon frère et ma sœur s’apprêtaient déjà à prendre la même voie : Juliet s’engageait dans des études de médecine tandis que Ken’ rêvait de devenir avocat. Et moi, j’étais là, au milieu de leur perfection, à ne pas savoir ce que je voudrais faire de ma vie. Enfin, non. Ce n’était pas tout à fait exact : je savais très bien ce que je voulais faire de ma vie, mais je savais aussi que c’était inavouable dans une famille telle que la mienne. Moi, je me fichais bien de devenir avocate ou chirurgien. Tout ce que je voulais c’était découvrir le monde et voyager. C’était mon rêve ultime et finalement, mon unique objectif dans la vie. Et ce goût pour le voyage se manifestait dans mes activités : j’étais passionnée de photographie et de dessin. Chacune de mes « œuvres » – je dis cela en toute modestie – était une invitation au voyage et à la découverte.

Mes parents voyaient cette passion pour l’art graphique d’un œil inquiet : ils n’avaient rien contre le fait que je prenne des cours de dessin ou que je m’inscrive au club de photo de mon lycée, tant que mes résultats scolaires n’en pâtissaient pas. J’avais bien compris que c’était la condition sine qua non pour que je puisse continuer à exprimer mon art. Adolescente, je me voyais bien devenir artiste : parcourir le monde à la recherche de nouvelles sources d’inspiration, découvrir Londres, Venise, Paris ou Cuba et vivre de mon art. Ces rêves ont très longtemps été présents dans mon esprit et jamais l’idée de faire de très longues études ne m’a effleuré.

La fin de la terminale approchait et mes parents avaient tout fait pour que je postule dans de grandes universités de la région. Excellente élève par ailleurs, nul doute que je décrocherai une bourse pour financer mes études. Columbia, Yale ou Princeton : c’était là les trois choix de mes parents. Lors des nombreuses fois où nous avions discuté de mon avenir, je m’étais contentée d’acquiescer lorsqu’ils m’avaient proposé des universités ; je n’avais aucune envie d’y aller, mais je voulais encore moins décevoir mes parents. Ma passion pour le dessin et la peinture avaient déjà creusé un fossé entre nous, je ne voulais pas l’accroitre encore d’avantage.

Finalement, ce fut Columbia qui m’accepta. Et je fus inscrite en Commerce, une spécialité qui ne me disait pas grand-chose, mais j’avais bien senti qu’elle faisait partie des choix que mes parents espéraient me voir prendre. Alors deal, voilà. Je ne vous cache pas qu’à 18 ans, lorsque je découvrais pour la première fois le véritable sens du mot liberté, je me suis crue invincible. J’ai grandi dans un milieu très fermé, où les sorties entre amis étaient presque toujours chaperonnées et contrôlées. Alors imaginez moi, Summer Cavanaugh, 18 ans, enfin libre de mes mouvements. Ok, l’université de Columbia n’était qu’à une vingtaine de minutes de chez moi, mais j’avais réussi à obtenir de mes parents la permission d’habiter sur le campus. Je n’avais pas eu besoin de beaucoup insister : la proximité du campus leur faisait croire qu’ils n’étaient pas loin si quoi que ce soit arrivait… Si seulement ils avaient su...

Columbia. Le début de ma vie d’adulte. Les cours de Commerce m’ennuyaient plus qu’autre chose. Je me fichais bien des techniques marketing et des cours de comptabilité. Je passais mon temps à dessiner. Mais dessiner en plein de cours d’éco n’était pas très bien vu, et j’ai très vite été congédiée des salles de cours. Alors j’ai continué à dessiner ailleurs, dans le parc du campus, dans ma chambre et même dans les couloirs de l’université. Le lieu où j’étais n’avait aucune espèce d’importance pour moi. Je pouvais simplement enfin être moi-même et laisser ma créativité s’exprimer, sans crainte et sans barrière. Ces instants de bonheur ultime ont duré quelques mois, tout juste le temps pour mes parents de réaliser que je n’allais absolument pas en cours et que je passais mon temps à prendre des photos, dessiner et peindre. Dans le même temps, je perdais ma bourse d’étude et la confiance de mes parents. Tout ce que je voulais éviter était en train d’arriver : je les avais déçu. Contrainte et forcée, je retournais vivre chez eux à Greenwich Village. Malgré mes 18 ans révolus, j’étais privée de sortie, assignée à résidence et privée de tout support créatif. Ma vie était devenue un enfer. Mes parents ne m’adressaient plus la parole, hormis pour me parler de mon avenir que j’étais, d’après eux, en train de gâcher.

Mon enfermement dura trente-six jours. Trente-six longs jours durant lesquels le fossé déjà bien présent entre mes parents et moi ne cessa de se creuser encore. Les disputes étaient nombreuses et je ne supportais plus de devoir prétendre d’être quelqu’un d’autre. Alors un matin, après une énième nuit de dispute intense, je poussais silencieusement la porte de la maison avec mon sac à dos. Je n’emportais ni téléphone portable et ne laissais aucune coordonnée. Ma décision était prise : j’allais vivre ma vie pour moi, sans plus m’occuper de ce que penseraient les autres même si cette décision me brisait le cœur. Mes rêves me semblaient alors être à portée de main. New York était une grande ville. Je n’avais donc pas besoin de m’en éloigner outre mesure. Les premiers temps, je fus hébergée par un foyer pour jeunes, du quartier de Brooklyn. Je dessinais la journée, en public dans les parcs ou dans la rue, et le soir je rentrais dormir et manger au foyer. Les gens ne posaient pas de question et je parvenais à survivre comme ça : parfois, les gens me donnaient une petite pièce ou un billet s’ils appréciaient mon travail. Sans vivre dans le luxe – j’en étais loin – j’étais bien.

C’est quelques mois plus tard que ma vie a changé. La journée avait démarré le plus normalement du monde ; j’étais sortie de bonne heure pour me rendre à Central Park. C’était l’automne et j’avais envie de profiter de la lumière orangée qui vient caresser la cime des arbres en cette saison. J’adorais l’automne : le temps était doux et la nature changeait doucement de couleur avant de revêtir son manteaux blanc d’hiver. J’étais plongée dans mes esquisses lorsque j’ai senti son souffle et son regard derrière moi. Il fixait mon travail de ses yeux bruns, avec ses cheveux en bataille qui lui barraient le front. Il s’appelait Kieran et à la seconde où j’ai croisé son regard, j’ai su que j’allais l’aimer. C’est idiot à dire (et j’imagine encore plus à lire), mais c’est vrai.

Kieran était comme moi : il n’avait plus de famille, moi par choix et lui par la force des choses. C’était un idéaliste rêveur, un grand gamin en somme, qui ne rêvait que de découvrir le monde. Lui aussi était né à New York, mais du mauvais côté de l’Hudson. D’autant que je me souvienne, je ne crois pas que nous nous soyons quittés un seul instant à compter de ce moment. Kieran louait un petit studio et travaillait comme livreur. Il rêvait d’économiser assez pour quitter New York et partir en voiture à la découverte du pays. Ce rêve était maintenant devenu le notre. J’avais emménagé dans son studio et nous vivions littéralement d’amour et d’eau fraîche. Kieran était mon premier amour, moi qui pensais que rien ni personne ne parviendrait à détrôner mon amour pour les arts graphiques, lui il y était arrivé.

Il nous fallut trois mois supplémentaires avant de pouvoir mettre notre projet à exécution. Nous avions réuni assez d’argent afin de pouvoir acheter un vieux tacot. Nous allions pouvoir partir à l’aventure, en direction de la Californie. Cette idée m’excitait. Je n’avais jamais vu Kieran aussi heureux. Notre trajet dura presque six mois : nous nous arrêtions dans chacune des villes traversées. Les paysages qui s’offraient à nous étaient un régal pour mes yeux et je m’appliquais à les reproduire scrupuleusement. Kieran et moi étions heureux, tout simplement. Rien ne semblait pouvoir briser ce bonheur parfait.

C’est au tout début du mois d’août que nous sommes arrivés à Los Angeles. Je m’étais endormie dans la voiture et Kieran avait continué de rouler, plutôt que de se reposer avec moi. Il avait roulé toute la nuit, traversant le désert qui sépare le Nevada de la Californie. J’avais 20 ans et je m’étais réveillée Californienne, la plage de Venice Beach sous les yeux qui s’offrait à moi et le regard amoureux de Kieran posé sur moi.

Los Angeles nous a accueilli comme ses enfants. Pendant des mois, nous avons vécu une vie parfaite. Kieran avait repris un boulot de livreur dans un restaurant chinois de Beverly Hills tandis que je m’établissais pendant des heures à Venice Beach, pour réaliser des esquisses de touristes et promeneurs, moyennant quelques dollars. Comme à New York, nous avions un petit studio mais avec une vue superbe sur la mer, derrière la skyline des buildings. Nous étions bien tous les deux, toujours aussi amoureux et rêveurs, déjà en train de rêver de notre prochain trajet : pourquoi pas l’Alaska ?

Nous étions à Los Angeles depuis huit mois. La vie suivait son cours et Kieran et moi nous étions installé dans une petite routine qui ne nous déplaisait pas. C’était la première fois que nous étions réellement posés et stables et ce n’était finalement pas quelque chose de déplaisant. Pourtant, à cet instant, j’ignorais encore que notre équilibre était sur le point de basculer. Je venais d’avoir 21 ans et je n’avais jamais eu un cycle des plus réguliers : parfois, je pouvais avoir mes règles deux fois dans le même mois, et d’autres, une fois tous les mois et demi. Alors pourquoi m’inquiéter de leur absence pendant presque deux mois ? Non, ce n’était pas plus inhabituel que ça. Pourtant, une petite voix dans ma tête m’intimait que je devais vérifier, juste pour être sûre… Un détour par le CVS du coin avant de rentrer à notre studio avec un petit paquet. Un litre d’eau avalé afin de pouvoir faire le test. Et quinze minutes. Quinze longues minutes d’attente, à secouer nerveusement le petit bâtonnet de plastique. Et enfin, la révélation : deux petites barres, côté à côte, bien nettes. Je restais figée. Comment étais-je supposée réagir ? J’avais 21 ans, et j’étais sans job fixe. Je n’avais pas de situation financière stable et Kieran non plus. Un bébé ? Kieran et moi n’avions jamais évoqué le fait d’avoir une famille. Nous étions trop jeunes et trop instables tous les deux pour penser à ça. Il fallait pourtant que je parle à Kieran. Il avait le droit de savoir. Pourquoi le lui cacher ?

L’attente fut longue ce soir là. Kieran ne finissait jamais le travail avant minuit et la plupart du temps, je m’étais déjà assoupie lorsqu’il poussait le plus silencieusement possible la porte grinçante de notre studio. Pourtant, ce soir là, mes yeux – bouffis et rougis – étaient bien ouverts lorsqu’il franchit le seuil de notre abris. Nos regards se croisèrent et je crois qu’immédiatement, il comprit. Le test de grossesse était posé sur la table devant moi. Ce soir là, il y eut des pleurs, énormément de pleurs. Des cris aussi, et beaucoup d’incompréhension. Kieran ne voulait pas de cet enfant. Comment allions nous l’assumer ? Quelle vie pouvions nous lui offrir ? Il avait raison, mais je le détestais de dire toutes ces choses à voix haute. Ce n’était pas ce que je voulais entendre. Je savais qu’il avait raison mais je refusais d’aller dans son sens. Cet enfant, j’étais bien décidée à le garder. Alors, alors que le soleil venait caresser l’horizon, Kieran céda. Nous allions avoir cet enfant. Parce qu’il m’aimait et qu’il ne voulait pas me perdre. Cet enfant, même s’il n’avait pas été planifié, serait désiré et accueilli avec bonheur. Il me l’avait promis.

Mon ventre s’arrondit rapidement après ça. Je découvrais avec joie les symptômes de la grossesse et savoir que j’avais dans mon ventre un petit être, mélange parfait de Kieran et moi. Nous étions maintenant en juin et mon ventre était déjà énorme. C’était un garçon, nous le savions déjà. Je sentais Kieran un peu distant mais parfois, un sourire sincère naissait au coin de ses lèvres alors sa main caressait mon ventre. Je me disais alors que tout irait bien.

Mais un matin, je sentais que quelque chose clochait. Je soulevais les draps et je fus incapable de retenir mon cri. Une mare pourpre parcourait le lit. Kieran réagit à la perfection. Il ne lui fallu qu’une poigné de secondes pour me prendre dans ses bras et m’emmener au plus vite aux urgence de Venice Beach. Mais ça n’a pas suffit. Il était déjà trop tard. Les médecins ne purent que constater que j’avais perdu le bébé. Je m’imaginais l’accouchement comme une chose terriblement douloureuse. Il y a pire encore : l’accouchement d’un enfant que l’on sait déjà mort. Kieran est resté avec moi tout du long, subissant mes hurlements de désespoir et mes sanglots incontrôlables. Les médecins ne m’ont pas laissé voir mon fils. C’était surement mieux ainsi.

Le retour chez nous, à la vie normale, fut incroyablement difficile. Sans m’en rendre compte, je m’étais refermée sur moi-même, rejetant même Kieran qui faisait de son mieux pour tenter de m’apaiser. Mais rien n’y faisait. Je me sentais coupable. J’étais donc une ratée à ce point ? Kieran était patient, mais je sentais bien que peu à peu, nous nous éloignions. Nous continuions d’être intimes, peut être pour sortir de nous toute cette tension. Mais les discussion et les véritables fous-rires, d’ordinaires quotidien s’étaient faits plus rares.

La fin de l’année 2010 avait été difficile, mais j’étais bien décidée à faire en sorte que 2011 soit meilleure. Kieran et moi pensions déjà à reprendre notre périple vers le Nord. Nous voulions prendre la route, direction Seattle tout d’abord, puis pourquoi pas, le Canada. Notre couple commençait à remonter la pente. Je souriais de nouveau et j’avais recommencé à prendre des photos. Beaucoup de portraits de Kieran et des paysages que nous traversions. Notre vie semblait avoir repris son court normal.

Mais avant de reprendre la route, nous devions nous refaire financièrement. Nous n’avions pas d’assurance maladie et les frais médicaux liés à ma grossesse et ma fausse couche nous avaient littéralement ruiné. Kieran avait trouvé un boulot, bien mieux payé, dans le sud de la Californie, à Neptune. Cela nous éloignait quelque peu de Seattle, mais nous avions besoin d’argent.

Nous étions arrivés à Neptune où nous avions pris une chambre dans un petit motel miteux, en périphérie de la ville. Les couleurs ici étaient plus douces, presque pastelles. Bien moins vives et violentes que celles de Los Angeles qui semblaient exploser. Los Angeles et ses mauvais souvenirs ne me manquait pas. Je voyais en Neptune la possibilité de tout recommencer, et surtout de tout réussir.

Je ne croyais alors pas si bien dire. Les symptômes furent différents cette fois-ci. Les nausées matinales s’étaient faites sentir dès le début et ma poitrine était une zone de non droit qui me faisait atrocement souffrir. Je fis le test de grossesse, simplement pour confirmer mes doutes. Les deux mêmes barres, bien nettes s’étaient dessinées une nouvelle fois. Alors je pris peut-être la pire décision de ma vie, celant le destin de notre relation, à Kieran et moi. Je décidais de ne rien dire pour l’instant, le temps de réfléchir à la situation et surtout, de la digérer. J’étais de nouveau enceinte, à peine plus de six mois après avoir perdu notre fils. Ce ne pouvait pas être un hasard. C’était assurément un signe du destin. Kieran et moi étions plus prudents que jamais. Et pourtant…

Ce n’est qu’en avril, lorsque mon ventre commença à s’arrondir dangereusement, que je décidais d’en parler à Kieran, le soir de mon anniversaire. « Enceinte ? » répéta-t-il, choqué. « Tu es enceinte de 4 mois et c’est maintenant que tu me le dis ? » de la colère était venue teinter sa voix. Je baissais les yeux, ne sachant quoi répondre. Kieran cria beaucoup ce soir là. Il ne comprenait pas et ne parvenait pas à intégrer l’information : comment avais-je pu lui faire ça ? Comment avais-je pu lui cacher la situation, après tout ce que nous avions vécu l’année précédente ? N’avais-je donc pas compris la leçon ? Après plusieurs heures, il parvint à se calmer et à se radoucir. Bien sur, nous nous aimions.

Mais si la fibre maternelle s’était manifestée en moi dès les premiers instants de ma première grossesse, il n’en était pas de même pour Kieran. Plus les semaines passaient et plus Kieran était distant et froid. Il avait tant souffert de la fin tragique de ma première grossesse… Celle-ci venait chambouler tous nos projets d’avenir et par la même occasion, briser nos rêves de voyage. C’est un matin de juin, deux mois avant la date de l’accouchement, que Kieran a réalisé les choses : non, il ne pouvait pas être père. Pas maintenant. Il ne serait pas capable d’assumer. Alors il est parti, de la même manière qu’il est arrivé dans ma vie, sans vraiment prévenir. Je perdais mon seul repère, mon pilier. Je pouvais sentir mon cœur se briser, irrémédiablement. Au moins, il avait eu la décence de me laisser notre studio avec de quoi voir venir pour les deux prochains mois… Inutile de vous dire que je n’ai que peu de souvenir de la fin de ma grossesse : accablée par le chagrin, je me suis enfermée dans ma douleur et dans ma solitude.

J’étais un véritable zombie. Je me nourrissais à peine, et ne mettais le nez dehors que lorsque j’y étais contrainte. Je me souviens mal des raisons qui m’avaient poussé dehors ce jour là. Peut-être une envie soudaine de femme enceinte que je n’avais d’autre choix que d’assouvir. Comme je regrette maintenant d’avoir quitté mon lit ce jour là… Il n’y avait que deux blocs qui séparaient mon logement de la petite supérette où Kieran et moi avions pris l’habitude de faire nos courses. Je trainais les pieds, le regard dans le vague. Alors j’ai traversé la rue, sans vraiment regardé. Ou peut-être que je ne voulais pas la voir, cette voiture, qui arrivait, lancée à vive allure. Ou peut-être était-ce la faute de ce conducteur, plus préoccupé par l’envoi de son SMS que par la route. Je ne me souviens pas du choc. Je ne me souviens pas de la douleur. Je ne me souviens que du bruit. Le bruit des freins qui se sont mis à crisser, lorsque le conducteur avait réalisé que j’étais sur sa route. Le bruit du métal qui se froissait sous le choc. Le bruit de mes os qui se disloquaient sous le choc. Et puis le noir, et le silence.

Je me suis réveillée à l’hôpital, bien longtemps après. Je me souviens avoir ouvert les yeux et tenté de porter ma main à mon visage, pour les frotter. Mais mon mouvement fut retenu par les tubes de la perfusion. J’étais dans le noir total. Alors que je commençais à m’agiter, une main bienveillante vint saisir doucement la mienne. « Tout va bien, Mademoiselle. » fit la voix. « Restez calme, je vais chercher le médecin. » D’après le médecin, mon coma avait duré plus d’un mois. Les opérations que j’avais subi étaient multiples. C’était presque un miracle que je sois encore en vie et que mes facultés motrices n’aient pas été touchées. Mais je me fichais bien de savoir comment j’allais. Je portais la main sur mon ventre. Je le trouvais désespérément plat. Je n’eus pas besoin des explications du médecin pour comprendre. Si je m’en étais tirée miraculeusement, mon bébé n’avait pas eu la même chance. Une nouvelle fois, je me réveillais en ayant perdu un enfant. La douleur était innommable. Mais malgré tout, mes sanglots restaient secs. Les larmes ne roulaient pas sur mon visage, à ma plus grande stupéfaction. La voix du médecin résonna de nouveau à mes oreilles pour me porter le coup de grâce. Le choc de l’accident avait été d’une grande violence. J’avais perdu mon bébé presque sur le coup. Ma tête avait heurté successivement la carrosserie de la voiture puis le bitume. Par miracle, mes fonction motrices n’avaient pas été affectées, mais les hémorragies qui s’étaient créées sous mon crâne avaient altéré ma vue. J’étais désormais aveugle. Le médecin ne pouvait pas dire si cet état serait permanent ou si j’aurais un jour la chance de retrouver ce sens, vital pour moi.

En quelques minutes, mon monde entier venait de s’écrouler. J’avais perdu Kieran, mon bébé, et mon sens le plus nécessaire. Je ne serai plus jamais capable de regarder un coucher de soleil. Je ne pourrais jamais plus prendre de photos ou dessiner quoi que ce soit. Mes rêves de découverte et de voyage n’avaient plus de sens. Que pouvais-je bien espérer de la vie, maintenant que je n’étais plus capable de vivre de mes passion ? De vivre tout court même.

Ma convalescence fut longue et difficile. D’autant plus que je n’avais plus de motivation à aller mieux et à vivre. Heureusement pour moi, mes frais médicaux étaient entièrement pris en charge par le conducteur qui m’avait fauché. Il s’agissait d’un jeune issu des beaux quartiers de Neptune, dont les parents s’étaient assuré que ce malheureux accident ne viendrait pas entacher l’avenir prometteur de leur fils prodigue. J’étais seule, paumée et sans le sous, alors forcément, j’ai accepté l’accord sans protester. Qu’est ce que j’aurais pu faire d’autre ?

Aujourd’hui, j’ai 26 ans et je vis toujours à Neptune. Je n’ai pas de canne blanche mais un golden retreiver qui me guide partout. Je n’ai pas retrouvé la vue, mais ma cécité semble évoluer positivement au fil des années. Je distingue de très vagues ombres et auréoles de couleurs, de temps à autre. Alors je retrouve quelque peu espoir pour l’avenir. Je suis devenue masseuse au SPA du grand hôtel de la ville. Ma cécité est un atout. Aveugle, les clients ne sont pas gênés par mon regard sur leurs corps nus. J’aime mon métier. J’aime le contact que j’ai avec les gens. Si vous vous posiez la question, je n’ai plus eu de nouvelles de Kieran depuis qu’il est parti et nous a abandonné, moi et son bébé à naître. J’évite de trop penser à lui. J’ai envie de pleurer sinon. Et d’autant que je me souvienne, les larmes ne me vont pas bien. Alors je préfère sourire, et vivre ma vie en profitant de chaque petite chose. Parce que rien ne dure jamais. Jamais.

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